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Cathédrale de Chartres

      Le vitrail des Mois et du Zodiaque de la cathédrale de Chartres.

      La frise des Mois et du Zodiaque du portail occidental.

      Les horloges de la cathédrale .

Voir aussi :  Les travaux des Mois, le Zodiaque, et le Temps des médaillons de la cathédrale d'Amiens.

 

"Alice poussa un soupir de lassitude. « Je crois que vous pourriez mieux employer votre temps, déclara-t-elle, que de le perdre à poser des devinettes dont vous ignorez la réponse.
– Si tu connaissais le Temps aussi bien que moi, dit le Chapelier, tu ne parlerais pas de le perdre, comme une chose. Le Temps est un être vivant. [...]

—Tout ce que je sais, c'est qu'il faut que je batte les temps quand je prends ma leçon de musique.

– Ah ! cela explique tout. Le Temps ne supporte pas d’être battu. Si tu étais en bons termes avec lui, il ferait presque tout ce que tu voudrais."

 

 

Qui trop embrasse mal étreint...Le Temps ! Chartres !

Les commentaires vont bon train... Comme il y va ! Quel fatras !

Mais j'ai voulu réunir des éléments de l'iconographie du thème (le plus souvent traité conjointement) de la succession calendaire des Mois et de leurs Travaux agricoles, et des signes du Zodiaque, assemblés sous la main de Dieu qui, dans sa Bonté, les créa et nous les confia. Vingt-quatre motifs, dont la représentation est fixée depuis les Chaldéens ou les Babyloniens (-1740), et qui se suivent à la queue-leu-leu .

Le cœur de cet article est la présentation du vitrail ; les autres éléments venant, à mes yeux, en contrepoint.

MENU.

— Le Zodiaque de l'Horloge astrolabique (1407).

— Les travaux des Mois et le Zodiaque du portail Nord (1198-1217).

— Les travaux des Mois et le Zodiaque du portail Royal (1142-1150).

— Les travaux des Mois et le Zodiaque du vitrail du déambulatoire Sud (>1218), mis en parallèle à celui de la Rosace de Notre-Dame de Paris.

— Le vitrail des Mois et du Zodiaque : inspiré par les Géorgiques de Virgile ?

Il resterait à étudier le Zodiaque sculpté du Jubé. Demain.

Ces réalisations sont à comparer aux œuvres suivantes :

 

I. LE CADRAN SOLAIRE ET LA MÉRIDIENNE.

1. L'Ange au cadran : le cadran est daté de 1578.

L'Ange-méridien du XIIe siècle autrefois sculpté à l'angle méridional du vieux-clocher semble le plus ancien témoin que la ville de Chartres possède destiné à marquer les heures, et à l'usage du public. Il porte dans ses bras un cadran solaire. Il s'agit d'une copie moderne, l'original étant placé dans la crypte.

 

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2. Les "Méridiennes" sont apparues avec l'avènement des premières horloges mécaniques. Celles-ci étant de précision et de fiabilité précaires on a eu longtemps recours aux "horloges solaires" pour le réglage de leurs "homologues" mécaniques! Les méridiennes servent à marquer le passage du soleil au méridien local en indiquant le midi du temps vrai.

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II. LES HORLOGES DE CHARTRES ET LE ZODIAQUE.

Repères en horlogerie :

— En 1295, le pape Urbain II instaure l'Angélus, sonné manuellement afin de convier les fidèles à la récitation de l'oraison à sept heures, midi et dix-neuf heures. Louis XI en 1472 instaure par décret cette pratique .

L'angélus se sonne par trois séries de trois tintements suivis d'une « pleine volée ». Les tintements correspondent au début du versicule, du répons et de l’Ave. A Chartres, l'Angélus, à 7h, 12h et 19h, est précédé 2 minutes avant par le carillon sur 6 notes (il n'y a que six cloches) d'un Salve Regina adapté.

— Les premiers mécanismes à rouages apparaissent au XIIIe siècle pour animer les marteaux qui frappent les cloches.

— Les premières horloges, à une seule aiguille, apparaissent au XVe siècle : leur précision n'est que de 40 minutes.

—Le balancier n'est inventé qu'au XVIIe siècle, améliorant la précision : l'aiguille des minutes apparaît alors.

 

 

L'horloge astrolabique de Chartres.

Elle se compose d'un cadran extérieur, et d'un cadran intérieur décoré d'un Zodiaque.

Le cadran extérieur du pavillon de l'Horloge est visible depuis la rue de l'Étroit Degré.

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Ministère de la Culture : "Le pavillon de l'Horloge, construit au flanc nord de la cathédrale, fut commandé par le chapitre de la cathédrale pour abriter le mécanisme d'horlogerie qui actionnait jusqu'en 1887 le timbre à marteau placé dans la lanterne du clocher nord et l'horloge de la façade. Ce mécanisme était relié à la cloche par un système de tringles extérieures fixées à la paroi de la tour. A la fin du 19e siècle, une horloge comtoise fut installée pour indiquer les heures au cadran de la façade. Le pavillon fut consolidé en 1862, restauré en 1864 ; la pierre fut nettoyée et les chiffres du cadran furent redorés à la feuille d'or en 1991. Le mécanisme fut restauré en 1990 ; bien que vraisemblablement incomplet, il est toujours en état de marche. On accède au mécanisme installé à l'étage par un escalier intérieur, une fosse de six mètres de profondeur permettait la descente des poids. Le mécanisme devait être remonté tous les jours.

"Cadran encadré de pilastres et parsemé d'étoiles et de rayons, anges musiciens et sirènes portant des torches allumées et présentant un cuir découpé dans les écoinçons, corniche supérieure ornée d'éléments végétaux, inférieure ornée d'oves et de denticules, alternance de modillons à feuille d'acanthe et coquille Saint-Jacques, pilastres d'angle amortis par des candélabres à l'antique."

Jehan Texier, dit Beauce Jehan de (maître d'oeuvre)

 

 

Le cadran intérieur se trouve dans la clôture du chœur, côté nord.

 

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" Au Moyen-Âge, l'emprise progressive de la religion catholique et la prédominance absolue de l'agriculture structurent la vie des hommes tant sur une journée (prières, taches agricoles, …) que sur une année (cycles liturgiques et saisonnier).

Avant l'apparition de l'horloge mécanique, le cadran solaire servait aussi bien à indiquer le temps public que le temps religieux. De par sa situation au pied de la tour nord, porté par un ange (statue du XIIe siècle), ce cadran donnait l'heure à tous les habitants de la ville de Chartres. Pour l'église, cependant, l'usage d'un cadran solaire est primordial. Celle-ci a dû recourir aux savants et à leurs instruments de mesure au risque de mal déterminer la date de Pâques (depuis le concile de Nicée de 325, il s'agit du premier dimanche qui suit la pleine lune de printemps).

Au Moyen-Âge, les arts et les connaissances scientifiques sont presque exclusivement cultivés par les religieux qui pour la réglementation des offices, ont besoin d'une subdivision précise du jour et de la nuit. C'est pourquoi les premières horloges étaient placées à l'intérieur des églises.

L'horloge astronomique est mentionnée dès 1407. Bien que son mécanisme ait été employé à forger des piques lors de la Révolution, son cadran et ses rouages chargés de l'animer sont toujours en place. D'une configuration particulière, elle constitue avec l'horloge de Bourges, les deux seuls exemplaires de ce type conservés et connus dans le monde.

Son cadran d'un mètre de diamètre indique les 24 heures de la journée, les phases de la lune, le temps d'un cycle lunaire, et les signes du zodiaque correspondants au mois de l'année. L'unique aiguille de l'heure est munie d'une fente longitudinale afin d'indiquer la hauteur de l'astre en fonction des périodes de l'année."

(in Bon de souscription à la restauration du mécanisme, DRAC Centre, s.d http://www.cechfrance.fr/document/souscription_chartres.pdf )

Le mécanisme a fait l'objet d'une restauration depuis 2008 par l'entreprise Prêtre de Mamirolles. Le redémarrage a été inauguré le 22 mai 2010.

 

Description du cadran in Irène Jourd'heuil Patrimoine restauré en région Centre n°21 (mai 2010) Publication de la Direction régionale des affaires culturelles du Centre, en ligne :

 

"Présenté dans un médaillon de pierre, sculpté de vases d’où s’échappent des rinceaux et bordé d’un tore de ruban ajouré, le cadran est porté par deux anges en haut-relief aux ailes rapportées, probablement en bois doré mais aujourd'hui disparues, semblant prendre appui sur les contreforts qui encadrent la travée. Un motif peu lisible forme culot sous le cadran et est flanqué dans les écoinçons inférieurs, de deux motifs de rosaces à feuilles dentelées. D'après Marcel Bulteau, il s'agissait d'un troisième ange brisé qui saisissait le cadran par dessous et semblait le maintenir en suspens dans les airs. Au-dessus du médaillon de pierre, la travée est ajourée et laisse voir le décor de la voûte, divisée en de multiples voûtains par un jeu complexe de liernes et tiercerons formant une résille de flammes et mouchettes moulurées sous l’extrados. Malgré les modifications du XVIIIe siècle, cette voûte s’ouvre du côté du choeur par trois arcs trilobés.Au Moyen Âge, la mesure du temps était essentielle, notamment pour l'organisation de la vie religieuse. La fin du XIIIe siècle vit l'apparition des horloges qui connurent un développement extraordinaire au XIVe siècle où apparurent notamment les horloges astrolabiques. Ces dernières se définissent par leur programme qui ne se contente pas de fournir l'heure mais qui reproduit le mouvement annuel du soleil et/ou celui de la lune.

"Le mouvement de la lune est montré par l'affichage de ses phases qui connaissent des variations infinies depuis la nouvelle lune jusqu'à la pleine lune tandis que le mouvement du soleil dans le zodiaque au cours d'une année est quant à lui indiqué par le mouvement d'une aiguille dans le cas d'un zodiaque fixe, ou par le mouvement du zodiaque lui-même. Il s'agit alors d'un transfert des caractéristiques propres de l'astrolabe, dont les horloges de ce type sont des mécanisations. Ce transfert a pour conséquence que la projection stéréographique caractéristique de l'astrolabe ne concerne pas seulement la sphère céleste mobile mais aussi la sphère fixe de référence. D'où la projection de l'horizon du lieu avec la partie diurne quand le soleil est au-dessus de l'horizon et la partie nocturne quand il est au-dessous.

"Cette projection s'accompagne aussi généralement de la présence des lignes des heures inégales, vieille division en parties égales d'une part de la partie diurne de la journée, et d'autre part de sa partie nocturne. D'où une conséquence paradoxale qui veut que l'horlogerie astrolabique a contribué à assurer une certaine survie aux heures inégales alors que l'horlogerie était censée faire prévaloir les heures égales. Outre le fait que ce type d'horloge aide à l'organisation des offices mais aussi à la détermination de la date de Pâques, et celle des éclipses, il trahit aussi un intérêt certain pour l'astrologie car la disposition du zodiaque par rapport à l'horizon et par conséquent des planètes qu'il héberge, permet de déterminer les horoscopes.

 

"En 1258, les Chartrains obtinrent que les chanoines soient tenus de faire établir et entretenir une horloge publique placée en un endroit éminent et qui put servir pour toute la ville. Il s'agit de la plus ancienne mention d'une horloge (sans doute hydraulique) à Chartres. Elle fut installée dans une des maisons situées juste devant le collatéral sud de la cathédrale. En 1359, un document atteste que la cathédrale possédait deux horloges qui ne devaient néanmoins pas sonner d'elles-même : l'une à l'extérieur et l'autre à l'intérieur pour le service du culte. C'est la plus ancienne mention que nous ayons d'une horloge installée à l'intérieur de l'édifice. On peut supposer qu'elle remplissait l'office d'un réveil-matin.

 

"En 1407, un acte capitulaire décrit dans la cathédrale, à un emplacement qui n'est pas précisément connu, une horloge indiquant, outre les heures, les signes du zodiaque. Le chapitre ordonne en effet que le cadran sur lequel se voit le zodiaque soit refait richement. Il pourrait s'agir de l'horloge que l'on conserve encore aujourd'hui, même si l'on ne peut en avoir aucune certitude et s'il reste même quelques incertitudes : les roues en fer épais, assemblées à la forge, évoquent d'autres dispositifs plus récents... Si cette proposition d'attribution et de datation était exacte, ces éléments n'auraient été installés qu'ultérieurement dans la clôture actuelle. Une délibération capitulaire de 1527 nous apprend en effet que cette même année, deux escaliers étroits en vis sont construits au sud, dans la clôture, le second ouvre dans le déambulatoire par une porte flamboyante percée sous le cadran et mène au mécanisme de l’horloge. Cette dernière fut terminée vers 1528 et totalement intégrée dans son encadrement de pierre."

Description du cadran lui-même (Irène Jourdr'heuil, op. cité)

"Le cadran indique :

- les vingt-quatre heures du jour

- le jour lunaire et les phases de la lune

- les signes du zodiaque peints sur un disque indiquant la

marche du soleil dans l'écliptique

- la hauteur du soleil au cours de l'année

- les heures des lever et coucher du soleil

Mesurant 105 cm, le cadran est constitué de quatre plaques indépendantes en alliage cuivreux assemblées sur un axe central :

1- le cadran horaire est fixe et timbré des vingt-quatre heures de la journée divisées en deux fois douze heures, séparées par des feuilles de trèfles marquant les demie-heures. Une croix en fer forgée fixée sur la bande des heures servait de support à l'axe d'une aiguille qui faisait le tour de cette dernière en 24 h indiquant ainsi l'heure équinoxiale locale.

La restauration a révélée des traces de polychromie sur le cadran horaire, qui correspond aux traits de gravure de la tôle et qui pourrait donc être le décor originel, atteste la présence de noir, doré, vert, blanc jaunâtre et rouge minium posés sur une couche d'apprêt de couleur blanc/gris.

 

2- le cadran lunaire ou des étoiles, en tôle en alliage cuivreux de couleur or en bronze ou laiton, est orné d’étoiles or sur fond bleu azur. Mobile, il fait un tour en une journée lunaire.

Une polychromie sous-jacente de couleur bleue nuancée y est détectable.

3- le cadran lunaire est percé d’un orifice permettant de faire défiler le cercle en alliage cuivreux de couleur or en bronze ou laiton, des différentes phases de la lune dans le ciel de Chartres en fonction de son occlusion plus ou moins complète.

4- le cadran zodiacal, en tôle en alliage cuivreux de couleur or en bronze ou laiton, est orné des noms et figurations des douze signes du zodiaque (représentant les mois) et des trente degrés de chacun d’eux. Il se mouvait d’un degré environ chaque jour et pour savoir dans quel signe était le soleil, il suffisait de voir quel était celui qui passait sous la grande aiguille de l'astre. La ligne en arc de cercle qui est fixée au cadran horaire est l’horizon du lieu : elle est le seul élément appartenant au tympan de l’astrolabe qui soit représenté, à la différence de ce qui se passe parfois ailleurs, où il y a aussi la partie nocturne du tympan et les heures inégales.

Sur le cadran zodiacal, on observe la trace d'une dorure ancienne et la présence de polychromie bleue,rouge, verte... Les lettres actuelles laissent apparaître par transparence sous la couleur blanche du fond, les anciennes lettres.

Dans l'unique aiguille des heures qui indique l'heure équinoxiale, réalisée en alliage ferreux, un petit soleil se déplaçait dans une longue fente, appelée boutonnière, indiquant la hauteur de l'astre par rapport à l'horizon en fonction des périodes de l'année et plus précisément par rapport au cercle excentrique (écliptique) fixé sur le cadran zodiacal. La représentation actuelle du soleil, fixé désormais à la pointe de l'aiguille, est donc sans doute le fait d'une restauration soit maladroite, soit renonçant à la lecture de certaines informations. L'horloge de Chartres était remise à l'heure chaque midi à l'aide des cadrans solaires et, en particulier à partir de la fin du XVIe siècle avec la réforme du calendrier promulguée par le pape Grégoire XIII, à l'aide des méridiennes extérieure et intérieure (calculée et installée en 1701, il ne subsiste de celle du chanoine Claude Estienne que l'indication de midi au 21 juin).

Techniques de fabrication

"Au Moyen Âge, armuriers et forgerons réalisaient les horloges à l'aide de la forge, du compas et de la lime. Parmi les éléments métalliques de l'horloge de Chartres, ceux réalisés en fer semblent avoir été forgés. Les éléments en alliage de cuivre semblent quant à eux avoir été mis en forme par planage et découpe. On trouve sur les surfaces métalliques de nombreuses traces de fabrication en gravure, comme les lignes de tracés ainsi que des lignes de symétrie servant à placer les éléments ou à marquer le futur décor comme au niveau du cadran extérieur. Les dents de trois des roues ont ainsi des lignes de traçage marquées par de petits points. La plupart des éléments ont été assemblés soit par rivetage, soit par soudure. L'ensemble des cadrans et aiguilles sont fixés entre eux par des tenons.

"La technique picturale, domaine du peintre, est à base d'huile ou émulsion (colle et huile) sur métal. La peinture est appliquée au pinceau en couches fines ou épaisses. Une partie du fond est dorée à la mixtion et l'ensemble est non verni.

"La restauration de la polychromie de l’horloge a été menée en 2006 par Géraldine Aubert, diplômée de l’Institut National du Patrimoine. Le grand apport de la restauration a été de révéler la présence d'une polychromie sous-jacente de très bonne qualité bien que lacunaire."

 

 

 

Les douze signes du Zodiaque portent les noms de Aries  Pesces Aquarius Capricornus Sagitarius Scorpius Libra Virgo Leo Cancer  Gemini Taurus.

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Thése Lyon : les premières horloges mécaniques :http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2004/eyraud_ch/pdfAmont/eyraud_ch_chapitre02.pdf

http://www.cathedrale-chartres.fr/portails/portail_nord/baie_droite/vouss5_00.php

 

III. LE ZODIAQUE ET LES TRAVAUX DES MOIS DU PORTAIL NORD (1198-1217).

Ce Zodiaque précède celui du vitrail (postérieur à 1218). Il occupe les voussures les plus extérieures de la Baie de droite, consacrée à des éléments anté-testamentaires (Job et le Jugement de Salomon) préfigurant l'Incarnation (Baie de gauche) et le Triomphe de la Vierge (Baie centrale). Il se trouve donc à la droite immédiate du Couronnement de la Vierge, de même qu'à l'intérieur, le vitrail des Mois et du Zodiaque voisine celui de la Vierge à l'Enfant de la Belle Verrière.

La voussure 6 du portail présente les douze signes du Zodiaque. La voussure 5 place, en regard de chaque couple de signe zodiacal, le travail du mois correspondant.

"Dans ces voussures, les activités rurales suivent la marche du soleil. La Lumière du jour croît jusqu'au soltice d'été : le mois de juin est au sommet de l'arc. Puis les jours décroissent jusqu'au soltice d'hiver : le mois de décembre est au bas de l'arc" (Site www.cathedrale-chartres.fr

 

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Cliquer pour agrandir :

Inscription DIEMPS. : Bonhomme Hiver ; Capricorne ; Verseau ; Poissons ; Belier / Janvier ; Février ; Mars ; Avril.

Chaque mois correspondant à deux signes du zodiaque, l'artiste, pour créer le décalage nécessaire, a débuté la série zodiacale par un personnage de chaque coté ; Bonhomme Été et Bonhomme Hiver. Près de ce personnage se lisent les lettres DIEMPS (ou DTEMPS??), d'où on peut isoler le mot latin Diem, "Jour".

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 Personnage (Temps?), Capricorne, Verseau, Poissons et Janvier -Février-Mars.

—  Janvier : Janus terminant de manger le Passé, et se préparant à entamer le Futur, tenu de la main gauche. Janus présente deux visages. Celui de gauche est celui d'un vieillard et représente les travaux de l'année écoulée ; celui de droite est un visage jeune et symbolise l'an nouveau.

 

—  Février est un homme chaudement vêtu présentant ses jambes dénudées au feu.

— Mars taille la vigne avec une serpe à talon ou serpe à huppé bien visible.

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Bélier, Taureau, Gémeaux et Avril, Mai et Juin.

—Avril, richement vêtu d'une cape, tient un objet à deux branches (fleurs brisées ?)

—Mai, chasse au faucon.

— Juin tient sa faux et la pierre à aiguiser.

Les Gémeaux réunissent leurs mains pour tenir une boule (fruit ?).

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Même scène (détail) Taureau, Gémeaux et Mai, Juin.

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Cancer, Lion, Vierge, Balance et Juillet, Août, Septembre, Octobre.

— Juillet remonte sa tunique pour dégager ses jambes nues ; il porte un fagot.

— Août coupe les foins à la faucille.

— Septembre, coiffé d'un bonnet, foule le raisin des vendanges en s'aidant d'une sorte de pilon.

— Octobre ramène une récolte de ? qui gonfle le manteau à capuchon dont il se sert comme sac.

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Scorpion, Sagittaire, et Octobre, Novembre puis Bonhomme Été.

— Scorpion en lézard à six pattes et Sagittaire en Centaure qui a perdu son arc.

— Novembre mal visible garde les cochons ?

— Décembre, lui, tue le cochon.

— Été, beau comme un dieu grec, quasi nu, tient derrière lui un voile glorieux.

 

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Capricorne.

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Bélier.

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Taureau.

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Gémeaux.

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Lion.

 

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Cancer (Écrevisse).

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Verseau.

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Les Poissons.

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IV. LE ZODIAQUE DU PORTAIL ROYAL (Ouest), baie de gauche.

Il est plus ancien que le précédent et date de 1142-1150. Il appartient à l'art roman.

L'écart iconographique est frappant: les motifs du zodiaque sont bien différents.

La disposition adoptée fait alterner sur deux voussures un signe zodiacal, puis un travail du mois.

J'ai tenté de décrypter les images, avec le sentiment de ne pas y être parvenu.

1.   Voussure interne, du bas à droite  vers la gauche :

A droite :

  • Repas de Janvier/Janus attablé devant une coupe et un pain
  • Capricorne 22 décembre-19 janvier
  • Février, homme vêtu d'un manteau et d'une pelisse fourrée se chauffant
  • Verseau : 20 janvier-18 février
  • Mars, taille de la vigne

Au centre, un élément ovale tombe, en goutte, d'un autre élément horizontal marqué par des lignes ondulées (C'est la colombe de l'Esprit-Saint descendant des nuées, et tenant une nimbe crucifère). Je pose l'hypothèse que le signe des Poissons, attendu ici, est remplacé par un Poisson ICHTUS, symbole du Christ ; il est situé juste au dessus de la tête du Christ de l'Ascension, dans le tympan.

Il faut repartir du bas à gauche :

  • Avril couronné de fleurs et tenant deux plants
  • Bélier 21 mars -19 avril
  • Mai : Chasse au faucon.
  • Taureau 20 avril-20 mai
  • ? Homme, qui serait Juin.

2. voussure la plus extérieure du bas à gauche vers la droite:

  • Les Gémeaux sont absents
  • Juillet, les foins.
  • Cancer (six pattes et deux pinces)  22 juin-22 juillet
  • Août, la moisson est battue : le fléau est au dessus de la tête de l'homme.
  • Lion : 23 juillet-23 août.
  • Septembre, foulage du raisin
  •  Vierge (assise) : 24 août-22 septembre

Repartir du bas à droite :

  • Vendanges, coupe du raisin.
  • Balance 23 septembre-23 octobre
  • Novembre, tuée du cochon.
  • Scorpion (huit pattes) 24 octobre-22 novembre.
  • Banquet annuel de décembre : un homme est servi par une servante.
  • Sagittaire 23 novembre-21 décembre.

Il manque donc deux signes, les Poissons et les Gémeaux, deux signes gémellaires qu'on a prétendu retrouver...dans la Baie droite du même portail, sur la voussure 1. voir :

http://www.cathedrale-chartres.fr/portails/portail_royal/baie_droite/vouss12_16.php

http://www.cathedrale-chartres.fr/portails/portail_royal/baie_droite/vouss12_15.php

Comme la sculpture représente un seul poisson (sous des arbres où deux oiseaux sont perchés), on a prétendu...qu'un des poissons avait disparu.

Or, ni ces Gémeaux, ni ces Poissons ne répondent à des modèles fixés depuis la haute antiquité ; d'autre part, il n'y a aucune raison (on a parlé d'erreur de remontage des portails) de transférer des éléments d'un portail à l'autre.

Il me paraît donc beaucoup plus séduisant, et conforme aux pensées théologiques élevées des commanditaires, de postuler que ces deux signes géméllaires sont des symboles du Christ. Cela semble clair pour les Poissons, car le Poisson est depuis le christianisme primitif non seulement le symbole, mais le signe du Christ dont le Christogramme ichtus (du grec ancien ἰχθύς / ikhthús « poisson ») est l'acrostiche de Ièsous Christos Théou Uios Sôtêr "Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur".

Si l'hypothése est juste, dans ce cas, le signe des Gémeaux doit procéder d'une explication du même ordre.

Au deuxième siècle Zénon de Vérone avait composé un Zodiaque eucharistique, qui fut repris du XVe au XVIIe siècle, et dans lequel les douze signes sont des qualités du Chrst (par exemple, "comme le soleil dans les Gémeaux, il exerce les deux  fonctions de l'amitié, il converse avec plaisir et donne avec largesse"). Ce n'est pas la bonne piste.

L'explication est peut-être très simple et pragmatique : chaque demi arc est composé  de cinq signes ou scènes en voussure interne (ils sont plus petits, car l'arc est plus court) et de six motifs en voussure externe. Si le théologien voulait faire figurer cette belle idée de remplacer Pisces (Poissons) par Ichtus, il était obligé de renoncer aussi, à un autre signe pour obtenir un chiffre pair et réaliser un portail symétrique. C'est précisément le signe des Gémeaux qui vient après avoir rempli l'arche interne, en symétrie des Poissons tout en bas de l' hémi-arc gauche externe.

Or, les deux anges situés de part et d'autre du Christ en Ascension peuvent réaliser une figure des Gémeaux. Cela fera l'affaire.

Ou bien, tout simplement, l'artisan a ôté les signes Pisces et Gemini pour avoir dix signes, comme il a réduit le nombre d'apôtres à dix dans le linteau.

 

Cliquer pour agrandir :

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IV. LE VITRAIL DES TRAVAUX DES MOIS ET DU ZODIAQUE DU DÉAMBULATOIRE SUD. 

On peut voir ce vitrail comme un assemblage des signes, somme toute bien banale dans tous nos horoscopes, des signes du Zodiaque. Mais lorsqu'on a remarqué, tout en bas, le sonneur arc-bouté à la corde des cloches, puis que l'on remarque que cette corde monte, par le milieu des quatre quadrilobes centraux (Janvier , Mai, Juillet et Octobre) jusque au Christ Chronocrator qui siège en majesté là où on attendait le campanile et ses cloches, on comprend qu'on a affaire à la mise en image d'une prédication sur le Temps, où l'ordonnance des Mois et celle des Constellations participent à un corps christique mystique : le chrétien vivra le cours des heures, des jours et des saisons comme un temps religieux marqué par les oraisons et les offices, dans une participation active à la réalisation de l'avènement christique.

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Quelques temps plus tard, les Livres d'Heures ne diront rien d'autres. Comme le son des cloches, la Parole de Dieu scande cette matière invisible de la Vie qu'est le Temps.

 

I. Le registre inférieur : les donateurs.

Trois vitraux à Chartres sont, dit-on (C. Manhes-Deremble (1993) ; Wikipédia (2014), des donations des vignerons : celui de Saint Lubin, la Vie de la Vierge 28b, et celui du Zodiaque. Les deux derniers font figurer le comte Thibaud VI de Chartres (et de Blois ), dit le Jeune ou le Lépreux, à l'écu au champ d'azur coupé d'une bande d'argent. Thibaud VI est mort en 1218, après avoir contracté la lèpre aux Croisades.

Les armes du Comte Thibaut VI de Blois sont: Blason Blois Ancien.svg " D'azur, à une bande d'argent, cotoyée de deux cotices d'or." Ces armes se retrouvent sur le pennon à l'extrémité de sa lance.

 

Dans le vitrail des Mois, il est à cheval face à un groupe de personnages . La bande d'argent de l'écu est traversée par une ligne ondée noire doublée de lignes parallèles : le champ azur est divisée par des lignes fines en carreaux centrés par un point.

Une inscription précise COMES : THEOBALD[US]. DAT. HO.. V. ESP(El) VINERU*S : AD : PRECES : COMITIS:  (PERT)ICE .IENSIS.

*tilde

— Comes Theobald dat : "le comte Thibaud fait donation"

— HO...S :  HO[C] .

— Espe : la barre du P est barrée en abréviatif de p(er) ; mais le mot espere n'a pas de sens en latin. On peut croire à VESPER (soir), incongru. C'est un fragment de verre, qui a peut-être été mal replacé.

— Le mot Vinerus serait fautif pour Vinetus, i, "la vigne". Mais comment comprendre le tilde sur le U ? Vineruns ? Cette incompréhension n'incite-t-il pas à deviner un mot signifiant "vitre" ?

— ad preces comitis : "à la demande (prière) du comte"

— P..ice.iensis : peut-être : Perticensis "du Perche"; le P au jambage barré serait ici plausible:

L'inscription est déchiffrée ainsi : "Le Comte Thibaud fait donation de ce vignoble selon le vœu du comte du Perche". Ce dernier ne peut être que Thomas, Comte du Perche, né vers 1195 et mort devant Lincoln le 20 mai 1217, c'est à dire un an avant Thibaud de Chartres. La scène se passerait donc entre le 20 mai 1217 et le 22 avril 1218.

Au total, cette inscription n'a pas été déchiffrée avec fidélité, ou plutôt elle a été bouleversée dans sa partie droite (bris) sur les deux lignes superposées, et conserve une part de mystère. Il semblerait logique que la donation porte sur le vitrail, plutôt que sur un vignoble ; les trois personnages prosternés devant le chevalier armé et en tenue de combat correspondent mal à une scène de réception de don de vignes, et mieux à un croisé délivrant les chrétiens.

Un auteur américain, Henry Adams (2004) s'est penché sur cette inscription et sur les personnages incriminés ; je renvois à sa publication, disponible en ligne, mais je m'en inspire pour préciser ceci :

La seconde bataille de Lincoln a eu lieu au château de Lincoln le 20 mai 1217, dans le cadre de la Première Guerre des barons, entre les forces de Louis de France – le futur Louis VIII – et celles du roi Henri III d'Angleterre.

L'armée du roi de France est alors attaquée par une partie de l'armée anglaise, commandée par Guillaume le Maréchal régent d'Angleterre. Le comte du Perche, Thomas du Perche, est tué dans la bataille, qui est la dernière victoire du Maréchal. Guillaume le Maréchal, qui aurait pu faire prisonnier Louis de France, le raccompagne sur la côte du sud de l’Angleterre. Les batailles navales de Sandwich et de Douvres, la même année, suivront.

Louis de France, dit "Le Lion"( né en 1187), Thomas du Perche (né vers 1195) et Thibaud de Chartres étaient cousins et avaient à peu-près le même âge : voici leurs liens généalogiques. Ils étaient amis en 1215 et vénéraient tous les trois la Vierge de Chartres. Nous savons que Thibaut de Chartres a participé à cette bataille par le poème d'un Ménestrel de Reims qui écrit : "Et assembla granz genz par amours, et paro deniers, et par lignage.

 Et fu avec lui li cuens dou Perche, et li cuens de Montfort, et li

 cuens de Chartres, et li cuens de Monbleart, et mes sires Enjorrans

de Couci, et mout d'autre grant seigneur dont je ne parole mie."

Carte généalogique montrant les liens entre l'Angleterre, la Champagne, Chartres, la France et le Perche (in Henry Adams) :

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Carte montrant la situation voisine du Perche et de Chartres :

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Le "pagus perticensis" ou Comté du Perche se trouve à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Chartres ; le comte Rotrou IV et son fils Geoffroy III participèrent aux croisades. Le fils de Geoffroy est le Thomas du Perche qui nous interesse.

Au total, j'interprète l'inscription comme le don de ce vitrail par le Comte Thibaut de Chartres sur la demande de son ami et cousin Thomas du Perche, mort durant la bataille de Lincoln le 22 mai 1217. Le don d'un "vignoble" reste possible, mais me semble étrange.

Je note par exemple que, dans la liste des corporations de Chartres en 1524, comme elle apparaît dans l'Ancien réglement de la ville, Arch. Munic. t.I, p. 212, in Rev. Archeol. vol.14(2) p. 485, celle des vignerons n'est pas citée. Cette liste est pourtant longue, qui comprend les boulangers, pelletiers,foulons, barbiers et chirurgiens, tissiers en drap, peigneurs et escardeurs, tonnelires, cordiers, merciers, chausseliers, menuisiers, orfèvres, maréchaux, potiers d'étain, charpentiers et charrons, maçons, chaudronniers, cordonniers, armuriers et fourbisseurs, tondeurs, tisseurs en soie, tanneurs, corroyeurs, chapeliers et couturiers. Mais point de vignerons.

 

 

 

Cliquer pour agrandir :

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La donation, partie gauche. 

Dans un médaillon symétrique à celui de droite, cinq personnages s'activent dans une vigne ; ou plutôt trois d'entre eux, penchés, tête nue, travaillent la terre avec des houes. Ils portent des braies et des guêtres, et une tunique mi-longue. Deux d'entre eux ont derrière leur dos, en ceinture, un sac oblong.

Les deux autres ont la tête recouverte par un capuchon ou scapulaire, comme des moines ; ce long scapulaire recouvre une tunique descendant aux chevilles. Que fait le personnage au premier plan ? De la main droite, il tend un objet au dessus de la terre travaillée par les autres hommes ; et son bras gauche retient un sac, ou une serpe. Son collègue semble tenir des deux mains un manche.

Autour d'un tronc épais, noueux et de bois clair des sarments serpentent de façon désordonnée. Enfin, en bas, une roue surplombe une plaque armée de billes.

 

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Je ne sais pas sur quelle base, quel acte de donation, des experts ont affirmé qu'il s'agissait ici du témoignage que ce vitrail était offert par les Vignerons. La région de Chartres n'est pas une région où cette culture était dominante : elle n'est pas la source de la richesse locale. Le vitrail n'est pas non plus voué à la vigne, et, si sa culture illustre les mois de mars, de septembre et d'octobre, c'est également le cas des autres vitraux consacré au thème des Mois, comme à Notre-Dame de Paris, ou celui des Livres d'Heures.

On peut aussi penser que le vitrail répond à un programme théologique où la culture de la vigne va développer la métaphore de la Vie, avec sa croissance, ses cycles, ses  métamorphoses, ses dangers, son exigence d'ascèse et de vigilance ; la vigne comme visualisation du temps; la vigne de l'évangile de Jean :

 

Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il en porte davantage.Déjà, vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée.Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure uni à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi.Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits: car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire.Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse ces sarments, on les jette au feu et ils brûlent. Jn 15, 1-6.

Mais la culture de la vigne appartient, comme nous l'avons vu sur les Portails de Chartres, à l'iconographie des Travaux des Mois de façon très traditionnelle et stéréotypée.

Janvier et le Verseau.

C'est le premier quadrilobe.

JANUARIUS : le nom latin révèle qu'il honore le dieu romain Janus, dieu des portes, des commencements et des fins (de l'l'Alpha et de l'Oméga), dieu bifrons, à la double face, encore tournée vers le passé et déjà tournée vers le futur.

 

Januarius
Les six premiers ans que vit lhomme au monde.
Nous comparons a Janvier droictement
Car en ce moys vertu ne force habonde
Nemplus que quant six ans ha ung enfant.

(Citation anachronique —1510— extraite, comme les suivantes, du Livre d'heures à l'usaige du Mans publié par Simon Vostre)

Le personnage Janvier est figuré au seuil d'une porte, mais il a ici trois visages, celui du milieu correspondant —bien-sûr— au présent.

On pense évidemment à la méditation de Saint-Augustin (Confession, 11, 1) :

Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé ; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore ? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps ; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus ? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas ?

La corde du sonneur se confond ici avec le montant de la Porte.

Le Verseau (20 janvier-19 février) commence très heureusement ce cycle de l'écoulement du temps puisque son signe est ♒ une représentation de l'eau.

 

Tu es celui qui passe,

Et tu es le passeur, où me mènes-tu?

Prends-moi, prends-moi dans tes bras,

Porte-moi sur l'autre rive.

Je veux boire avec toi les heures de demain.

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Zodiaque 6765 janvier

Comparaison : la Rosace de Notre-Dame de Paris :

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Février.

FEBRUS est ici un personnage au visage presque animal (profil léonin, chevelure comme une crinière) qui tend les pieds et les mains vers un feu, un brasier. Il est assis sur des coussins posés sur une cathèdre près duquel est posé un vase ou un pichet. C'est un paysan ou un vigneron puisque son outil, à la lame arrondie, est posé à son coté.

 

Februarius
Les six dapres ressemblent a Fevrier.
En fin duquel commence le printemps
Car lesperit se ouvre prest est a enseigner
Et doulx devient lenfant quant ha douze ans.

Février est le mois le plus froid de l'année, et la manière de l'illustrer par des paysans face à un feu se retrouve dans Février du vitrail de la Rosace de Notre-Dame de Paris aussi bien que dans les Très Riches Heures du Duc de Berry (1410), dans un livre d'Heures de Rouen 1425, le livre d'Heures de Marguerite d'Orléans v1430, celui de Jeanne de France Bnf  du XVe siècle etc.

 

Tu es l'Ardent vers qui se tendent mes paumes

Que serais-je sans Toi ?

Tu répands de la neige douce comme de la laine,

Mais à mon âme tu réserves le feu.

Tu envoies tes paroles, et tu les fonds,

Là ! elles coulent comme un vin nouvelet,

Tu es l'Hiver et son contraire,

Et ma face est tournée vers Toi.

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Les Poissons / Pisces.

De quand date cette représentation de deux poissons jumeaux reliés d'une bouche à l'autre par un tuyau ? Les sumériens les figuraient déjà,  pas toujours tête bêche.  La mythologie grecque voit dans ces poissons  les formes assumées par Aphrodite et Éros, poursuivis par le monstre Typhon, pour lui échapper en se jetant dans un fleuve.

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Comparer avec N.D de Paris :

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Le mois de Mars.

MARCIUS, forme du latin classique Martius, était le premier mois de l'année du calendrier romain ; il marquait le début du printemps et celui des campagnes militaires, et porte le nom du dieu de la guerre. Les paysans romains étaient incités à tailler la vigne et à semer le blé.

 

 

Martius
Mars signifie les six ans ensuivans.
Que le temps change en produissant verdure
En celluy aage sadonnant les enfans
A maint esbat sans soucy ne sans cure.

La scène nous montre la taille de printemps (taille sèche) d'une vigne particulièrement exubérante au moyen d'une serpe de taille, alors que les mains du paysan sont protégées par des moufles.

L'homme, barbu, porte des chausses, une tunique rouge descendant aux chevilles, et un capuchon vert.

La sève, comme l'énergie vitale des désirs, menace d'être envahissante et de produire une plante folle et stérile, si elle n'est pas soumise à l'ascèse du renoncement au superflu.

 

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Le Bélier ARIES.

C'est la figure de cette énergie animale brutale qui nécessite d'être domptée. Il est entouré d'une végétation luxuriante, et il symbolise par ses cornes la puissance de l'énergie sexuelle et fécondatrice.

Le signe est très ancien : il  se nomme immeru (l'Agneau mâle) chez les sumériens, dikra (le Bélier) dans le Zodiaque de Qumran (même sens), <isw> en égyptien (même sens) et Κρος (Bélier) en grec.

Dans la mythologie grecque, Aries représenterait le bélier volant Chrysomallos, chevauché par Phrixos, dont la Toison d'or a inspiré le récit de Jason.

Pour la symbolique chrétienne, il rappelle le Sacrifice d'Abraham, l'Agneau pascal, mais il est aussi une figure du Christ comme conducteur de ses brebis, les fidèles de l'Église.

Pour le plaisir de filer la métaphore initiale du Christ comme cloche rythmant le temps, notre mot bélier vient de l'ancien français belin (1170), dont l'origine à partir du néerlandais belle, "cloche", est très sérieusement envisagée (CNRTL) : c'est l'animal princeps, le bélier à sonnaille équipé d'une cloche qui, par son signal sonore, mène le troupeau.

 

 

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Même scène sur la rosace de Notre-Dame, dans les Très Riches Heures, le livre d'Heures de Jeanne de France, etc.

Avril.

APRILIS est le mois dédié par son étymologie à Aphrodite, mais selon Ronsard "Avril c'est ouvrir".  Wiktionnaire :  Du latin Aprilis, de l’étrusque Apru, du grec ancien ἈφροAphro, abréviation d’Ἀφροδίτη, Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour ; influencé par aperire (« ouvrir »), parce que c’est le moment où les fleurs commencent à s’ouvrir.

 

Aprilis
Six ans prochains vingt et quatre en somme
Sont figurez par Avril gracieux
Et soubz cest aage est gay et ioly lhomme
Plaisant aux dames courtois et amoureux.

Le Bonhomme Avril nous présente donc des inflorescences stylisées en feuilles d'acanthe, cueillies sans-doute à l'extrémité des deux tiges qui l'entourent.

 

 

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Le vitrail de la rosace de Notre-Dame de Paris est très comparable, mais possède plus de charme et de simplicité naturelle car les tiges et le corps de l'homme sont souples et sinueuses.

 

 

Le Taureau, TAURUS.

Comme le bélier, dont il partage la symbolique de puissance mâle, il est entouré de fleurs géantes et presque débridées par la fantaisie d'un hubris génétique.

Du grec  τ α υ ̃ ρ ο ς , le Taureau évoque la forme que Zeus prit pour capturer la belle Europe, ou le Minotaure de Crète, qu'affronta Thésée, ou le taureau blanc envoyé sur l'île par Poséidon : la force brutale, excessive et dévastatrice  de la poussée vitale, si elle n'est pas maîtrisée par l'intelligence ou la culture.

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Mai et les Gémeaux : deuxième quadrilobe.

On retrouve ici la corde du sonneur, qui sépare d'un coté le mois de Mai, MAIUS, et de l'autre le signe zodiacal des Gémeaux.

Maius

Au moys de may ou tout est en vigueur
Autres six ans comparons par droicture
Qui trente sont : lors est lhomme en valeur

 

En la fleur, force, et beaulte de nature.

J'ignore pour quelle raison le mois de Mai est représenté ici par un Croisé près de son cheval en train de brouter. La selle avec ses pommeaux est intéressante à détailler. Dans les Très Riches Heures, Mai est illustré par une troupe de seigneurs et de dames, à cheval, mais c'est une image de la cavalcade du premier mai, ce qui ne semble pas le cas à Chartres. A Paris, Mai est représenté par un homme en train de chasser au faucon.

La représentation des Gémeaux, deux hommes (Castor et Pollux) se donnant la main, est assez rudimentaire, sans le charme du vitrail homologue de Notre-Dame de Paris

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Juin.

IULIUS (erroné pour Junius) procède au fauchage de l'herbe grâce à sa faux au long manche équipée de deux poignées asymétriques. Sa tunique rouge courte remonté dans la ceinture recouvre des braies fendues aux jambes. Sa pierre à aiguiser est derrière lui, dans un récipient plein d'eau,car  il l'utilise toutes les 15 à 30 minutes.

Le marteau nécessaire pour "battre" la lame sur une enclumette est utilisé plus rarement, toutes les 12 heures en moyenne ; il faut enlever la lame du manche.

 

 

Junius
En iuing les biens commencent a meurir
Aussi fait lhomme quant a trente six ans.
Pour ce en tel temps doit il femme querir
Se luy vivant veult pourveoir ses enfans.

La fenaison est le thème habituel de ce mois, retrouvé , à Paris (vitrail tardif), ou dans les Très Riches Heures du Duc de Berry.

 

Zodiaque 6779

 

Le Cancer.

Le mot cancer provient du grec Καρκίνος (karkinos) qui signifie crabe.

Ce monstre octopode à l' échine crénelée à queue verte ressemble à un acarien grossi xx fois ; mais sa carapace écaillée et ses huit pattes sont fidèles à l'iconographie la plus ancienne.

Cet animal qui change de carapace annuellement est symbole de métamorphose.

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Rosace de Notre-Dame de Paris : le Cancer est parfois nommé "l'Ecrevisse".

 

Juillet et le Lion : troisième quadrilobe.

JUNIUS (erroné pour Julius, voir l'erreur commise pour Juin) fauche les blés à la faucille. Il est vêtu d'un bliau blanc retenu par une ceinture, de chausses rouges et de bottines vertes fendues par un soufflet sur l'avant.

 

Julius
Saige doit estre ou ne sera iamais
Lhomme quant il ha quarante deux ans
Lors la beaulte decline desormais
Comme en Juillet toutes fleurs sont passans.

 

LEO le Lion, dans les représentations classiques, marche vers l'Orient (sur les planisphères), queue redressée et gueule close.

La "corde du sonneur" qui sépare en deux les compartiments a adopté la couleur rouge de la bordure.

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Notre-Dame de Paris :

 

 

Août.

AUGUSTUS a tellement chaud qu'il bat torse nu et pieds nus  les épis de blés grâce à son fléau articulé. La fourche et le fauchet (râteau à dents de bois) sont plantés dans les meules déjà formées et liées.

 

Augustus
Les biens de terre commence len cueillir
En Aoust, aussi quant lan quarantehuit
Lhomme approche : il doibt biens acquerir
Pour soustenir vieillesse qui le suit.

 

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La Vierge. 

VIRGO présente, comme Aprilis , deux fleurs rouges, symbolisant sa virginité. Celle de Notre-Dame de Paris est comparable, mais ne tient qu'une fleur, de la main gauche.

La doublure claire de sa cape vieux-rose descend en sept plis horizontaux.

 

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Septembre.

SEPTENBER : on retrouve ici la culture de la vigne, les vendanges étant traditionnellement associées à ce mois. Deux hommes, jambes nues, foulent le grain dans une cuve ; l'un cueille aussi les grappes à l'aide d'une serpe, et les pose dans un panier. Le second prend appui sur le manche d'un outil. On remarquera son bonnet, sans-doute imposé par la circonstance :

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September
Avoir grans biens ne fault point que lhomme cuide.
Sil ne les a, a cinquante quattre ans.
Nemplus que sil a sa granche vuide
En Septembre : plus de lan naura riens.

 

 

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La Balance, Libra.

Elle tient son nom latin du grec ancien λίτρα, lítra (« mesure de poids grecque utilisée en Sicile ») dont est tiré "litre" en français. Son iconographie se contente souvent de la balance à double plateau, celle de la Justice, sans représenter le personnage qui la tient.

A Chartres, la femme qui tend le bras droit pour laisser le fléau s'équilibrer est remarquable par sa posture en léger arc qu'accentue l'inclinaison mélancolique de la tête. De la main gauche, elle amortit les oscillations.

 

 

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Octobre et le Scorpion : quatrième quadrilobe :

Là encore, dans ce dernier quadrilobe avant l'apex,la ligne médiane blanche en qui je me plais à voir la corde du sonneur sépare Octobre d'un coté et Scorpion de l'autre.

OCTOBER est à cheval sur une futaille de vin dont il compense l'évaporation à l'aide d'un tonnelet.

 

October
Au moys doctobre figurant soixante ans
Se lhomme est riche cela est a bonne heure
Des biens quil a nourrit femme et enfans
Plus na besoing quil traveille ou labeure.

 

SCORPIO a quatre pattes, un corps verdâtre à l'échine épineuse, et  une queue entortillée recourbée à sa droite et terminée en tête animale.

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Novembre : 

 

 

November
Quant a soixante six ans vient .
Representez par le moys de Novembre
Vieux et caduc et maladif devient .

 

Lors de bien faire est temps quil se remembre.

Le maître-verrier qui a indiqué ici "DECENBER" a du se faire sonner les cloches ! On tue les cochons à partir de la Saint-Martin (le 11 novembre), et le Ménagier de Paris disait : l'en dit que l'en doit tuer les masles es mois de novembre, et les fumelles en décembre".

On a offert une glandée généreuse à celui-ci  pour l'attirer à son dernier repas. Au Moyen-Âge, les cochons n'étaient pas de la race rose et glabre des Large White, c'étaient des cochons velus, à la peau sombre, et qui fréquentaient les forêts ou divaguaient dans les rues pour les nettoyer des immondices, une clochette au cou.

A priori, l'homme ne va pas décapiter le cochon avec sa cognée, mais "seulement" l'estourbir avant de le saigner au niveau du cou, récoltant le sang pour le boudin.

Zodiaque 6782

 

Le Sagittaire, SAGITARIUS:

C'est un Centaure, chimère grecque mi-homme et mi-cheval, mais à Chartres, la liaison des deux ne paraît pas naturelle du tout, et il ressemble à un acteur ou un nain de jardin émergeant d'un cheval de comédie. Le Sagittaire de Notre-Dame de Paris est bien mieux réussi.

 

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Notre-Dame de Paris :

 

Décembre.

DECENBER est un roi attablé à un festin, composé de la hure du cochon tué en novembre, de pains (à la croûte taillée en croix), de poissons, et de vin. De chaque coté se voit une porte ; on distingue un puits (ou un foyer).

Ce banquet de fin d'année sert aussi d'illustration pour le mois de Décembre à Notre-Dame de Paris (thème très proche, mais avec un couple), aux Très Riches Heures du duc de Berry, etc..

December
Lan par Decembre prent fin et se termine
Aussi fait lhomme aux ans soixante douze
Le plus souvent : car viellesse le myne .
Lheure est venue que pour partir se house.

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Le Capricorne.

L'alliance d'une chèvre avec un poisson .

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Le Christ bénissant.

 

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Il est l'Appel et la Conclusion, l'Alpha et l'Oméga, il est celui qui transforme, comme les deux candélabres du début et de la fin, le temps en lumière. C'est le vingt-cinquième panneau, mais selon une formule où les douze mois et les douze signes ne font plus qu'Un, 24 = 1. Le temps humain des travaux des mois, et le temps des vastes cycles cosmiques se révèlent comme une théophanie dans une optique de salut.

 

 

 

      Les Travaux des Mois et le Zodiaque : un poème virgilien issu des Géorgiques Livre I ?

 

Vertitur interea caelum cum ingentibus ignis

Ennius, (Pendant ce temps tourne le ciel avec leurs  astres immenses).

Vertitur interea caelum, Virgile, En. II, 250

Il est possible de considérer le vitrail des Travaux des Mois et du Zodiaque comme un grand poème lumineux ; il faut, pour cela, se dégager des liens trop prégnants et trop médiatisés qui associent les signes zodiacaux à nos horoscopes ou aux prédictions astrologiques, et les faire tourner dans la grande roue cosmique, dans une vision philosophique de la place de l'homme dans la création : homme soumis aux lois de la nature, homme soumis depuis Adam à la nécessité de gagner son pain à la sueur de son front plutôt que d'être comme les petits oiseaux, qui ne sèment ni ne moissonnent, homme qui, par l'observation des Signes, apprend à deviner le cours du temps et à y adapter sa pratique, dans cette sagesse pragmatique que les paysans possèdent.

Oui, il est possible d'entendre, chanté par les verres colorés, les hexamètres de Virgile  qui exposent, précisément, cette vision philosophique. Cela n'est pas obligatoire, mais comme, alors, le contemplation du vitrail s'enrichit !

J'en donnerai des extraits dans ma traduction préférée, celle de Jacques Delille :

 

Je chante les moissons : je dirai sous quel signe
Il faut ouvrir la terre et marier la vigne ;
Les soins industrieux que l’on doit aux troupeaux ;
Et l’abeille économe, et ses sages travaux.
Astres qui, poursuivant votre course ordonnée,
Conduisez dans les cieux la marche de l’année ;
Protecteur des raisins, déesse des moissons,
Si l’homme encor sauvage, instruit par vos leçons,
Quitta le gland des bois pour les gerbes fécondes,
Et d’un nectar vermeil rougit les froides ondes ;

 

Tel est l’arrêt fatal du maître du tonnerre :
Lui-même il força l’homme à cultiver la terre ;
Et, n’accordant ses fruits qu’à nos soins vigilants,
Voulut que l’indigence éveillât les talents.
Avant lui, point d’enclos, de bornes, de partage ;
La terre était de tous le commun héritage ;
Et, sans qu’on l’arrachât, prodigue de son bien
La terre donnait plus à qui n’exigeait rien.
C’est lui qui, proscrivant une oisive opulence,
Partout de son empire exila l’indolence.
Il endurcit la terre, il souleva les mers,
Nous déroba le feu, troubla la paix des airs,
Empoisonna la dent des vipères livides,
Contre l’agneau craintif arma les loups avides,
Dépouilla de leur miel les riches arbrisseaux,
Et du vin dans les champs fit tarir les ruisseaux.
Enfin l’art à pas lents vint adoucir nos peines ;

Tout cède aux longs travaux, et surtout aux besoins.

 

Observe donc leur cours. Sitôt que la Balance
Du travail, du repos, du bruit et du silence,
Rendra l’empire égal, et du trône des airs
Entre l’ombre et le jour suspendra l’univers,
Avant que des vents froids le souffle la resserre,
Tandis qu’elle est traitable, on façonne la terre

Pour régler nos travaux, pour marquer les saisons,
L’art divisa du ciel les vastes régions.
Soleil, âme du monde, océan de lumière,
Douze astres différents partagent ta carrière.

Le globe ainsi connu t’annonce les saisons :
Quand il faut ou semer, ou couper les moissons,
Abattre le sapin destiné pour Neptune,
Aux infidèles mers confier sa fortune :
Et ce n’est pas en vain que ces astres brillants
En quatre temps égaux nous partagent les ans.

Plusieurs font à loisir, retenus par l’orage,
Ce qu’il faudrait hâter sous un ciel sans nuage :
Ils aiguisent leur soc, ils comptent leurs boisseaux ;
Creusent une nacelle, ou marquent leurs troupeaux ;
Préparent des liens à leurs vignes naissantes ;

Les fêtes même, il est un travail légitime.
Ne peut-on pas alors, sans scrupule et sans crime,
Tendre un piège aux oiseaux, embraser des buissons,
D’un mur tissu d’épine entourer ses moissons,
Ou rafraîchir ses prés que la chaleur altère,
Ou baigner ses brebis dans une eau salutaire ?
C’est dans ces mêmes jours que, libre de travaux,
Chacun porte aux cités les présents des hameaux ;
Et, rapportant chez soi les tributs de la ville,
Presse les pas tardifs de son âne indocile.
La lune apprend aussi, dans son cours inégal,
Quel jour à tes travaux est propice ou fatal.
Au dixième croissant de la lune nouvelle,
On peut du fier taureau dompter le front rebelle,
Planter la jeune vigne, ou d’une agile main
Promener la navette errante sur le lin.
Une clarté plus pure embellit le neuvième :
Le brigand le redoute, et le voyageur l’aime.
Chacun a son emploi ; mais, dans ce choix du temps,
Ainsi que d’heureux jours, il est d’heureux instants.
Faut-il couper le chaume ? On le coupe sans peine
Quand la nuit l’a mouillé de son humide haleine :
Pour dépouiller les prés, attends que sur les fleurs
L’aurore en souriant ait répandu ses pleurs.
Plusieurs pendant l’hiver, près d’un foyer antique,
Veillent à la lueur d’une lampe rustique :
Leur compagne près d’eux, partageant leurs travaux,
Tantôt d’un doigt léger fait rouler ses fuseaux ;
Tantôt cuit dans l’airain le doux jus de la treille,
Et charme par ses chants la longueur de la veille.

Mais c’est en plein soleil, dans l’ardente saison,
Qu’au tranchant de la faux on livre la moisson,
Que sur l’épi doré le fléau se déploie.
Donne aux soins les beaux jours, et l’hiver à la joie.
L’hiver, tel qu’un nocher qui, plein d’un doux transport,
Couronne ses vaisseaux triomphants dans le port,
Tranquille sous le chaume, à l’abri des tempêtes,
L’heureux cultivateur donne ou reçoit des fêtes :
Pour lui ces tristes jours rappellent la gaieté ;
Il s’applaudit l’hiver des travaux de l’été.

Alors même sa main n’est pas toujours oisive ;
De l’arbre de Pallas il recueille l’olive ;
Le myrte de Vénus lui cède un fruit sanglant,
Et le laurier sa graine, et les chênes leur gland.
Les flots sont-ils glacés, les champs couverts de neige ?
Il tend des rets au cerf, prend l’oiseau dans un piège,
Ou presse un lièvre agile, ou, la fronde à la main,
Fait siffler un caillou qui terrasse le daim.
D’autres temps, d’autres soins. Dirai-je à quels désastres
De l’automne orageux nous exposent les astres,
Quand les jours sont moins longs, les soleils moins ardents ;
Ou quels torrents affreux épanche le printemps,
Quand le blé d’épis verts a hérissé les plaines,
Et des flots d’un lait pur déjà gonfle ses veines ?
L’été même, à l’instant qu’on liait en faisceaux
Les épis jaunissants qui tombent sous la faux,
J’ai vu les vents, grondant sur ces moissons superbes,
Déraciner les blés, se disputer les gerbes,
Et, roulant leurs débris dans de noirs tourbillons,
Enlever, disperser les trésors des sillons.

Les êtres animés changent avec le temps :
Ainsi, muet l’hiver, l’oiseau chante au printemps.
Ainsi l’agneau bondit sur le naissant herbage,
Et même le corbeau pousse un cri moins sauvage.
Mais, malgré ces leçons, crains-tu d’être séduit
Par le perfide éclat d’une brillante nuit ?
Du soleil, de sa sœur, observe la carrière.
Quand la jeune Phébé rassemble sa lumière,
Si son croissant terni s’émousse dans les airs,
La pluie alors menace et la terre et les mers.

 

Le soleil à son tour t’instruit, soit dès l’aurore,
Soit lorsque de ses feux l’occident se colore.
Si, de taches semé, sous un voile ennemi
Son disque renaissant se dérobe à demi,
Crains les vents pluvieux ; leurs humides haleines
Menacent tes troupeaux, tes vergers et tes plaines.
Si de son lit de pourpre on voit l’aurore en pleurs
Sortir languissamment sans force et sans couleurs ;
Si Phébus, à travers une vapeur grossière
Dispersant faiblement quelques traits de lumière,
Semble luire à regret, de leurs feuillages verts
Les raisins colorés vainement sont couverts ;
Sous les grains bondissants dont les toits retentissent,
La grêle écrase, hélas ! Les grappes qui mûrissent.
Surtout sois attentif lorsque achevant leur tour
Ses coursiers dans la mer vont éteindre le jour ;
Du pourpre, de l’azur, les couleurs différentes
Souvent marquent son front de leurs taches errantes :
Saisis de ces vapeurs le spectacle mouvant ;
L’azur marque la pluie, et le pourpre le vent :
Si le pourpre et l’azur colorent son visage,
De la pluie et des vents redoute le ravage :
Je n’irai point alors, sur de frêles vaisseaux,
Dans l’horreur de la nuit m’égarer sur les eaux.
Mais lorsqu’il recommence et finit sa carrière,
S’il brille tout entier d’une pure lumière,
Sois sans crainte : vainqueur des humides autans,
L’aquilon va chasser les nuages flottants.

Ainsi ce dieu puissant, dans sa marche féconde,
Tandis que de ses feux il ranime le monde,
Sur l’humble laboureur veille du haut des cieux ;
Lui prédit les beaux jours, et les jours pluvieux.
Qui pourrait, ô soleil ! T’accuser d’imposture ?
Tes immenses regards embrassent la nature :
C’est toi qui nous prédis ces tragiques fureurs
Qui couvent sourdement dans l’abîme des cœurs.

 

 

Au moment où ce vitrail a été posé, chaque lettré connaissait ces vers par cœur, et il est même possible —pour le seul plaisir— d'imaginer que ses commanditaires ont choisi, délibérément, d'illustrer Virgile dans le déploiement de ces panneaux. On sait que le poète de Mantoue figure, dans le vitrail de l'Arbre de Jessé de Chartres, comme une figure prophétique du Messie, par une interprétation d'un passage de la 4e Églogue de ses Bucoliques.

 

Vltima Cumaei uenit iam carminis aetas ;

magnus ab integro saeclorum nascitur ordo. 5

iam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna,

iam noua progenies caelo demittitur alto.

tu modo nascenti puero, quo ferrea primum

desinet ac toto surget gens aurea mundo

Les temps sont révolus qu’annonçait la Sibylle.

C’est aujourd’hui que naît le grand orbe des siècles.

Déjà revient la Vierge et la paix de Saturne.

Un nouvel univers descend du haut des cieux.

Un enfant naît qui scellera l’âge de fer,

 

Suscitera la race d’or (Trad. J. Perret)

 

On sait aussi qu'il occupait déjà cette place dans le drame liturgique de la "Procession des Prophètes du Christ". C'est dire la place qu'il occupait aux yeux de l'Église. On sait aussi que Dante le choisit deux siècles plus tard comme Guide de ses Enfers. Au treizième siècle Virgile figure, parmi les poètes, à la première place. Après que sa biographie ait été rédigée par toute une série de textes anonymes de l'époque carolingiennne, une tradition légendaire du XIIe siècle lui attribua une mère nommée Maggia, et des compétences étendues en médecine et mathématique, c'est-à-dire, pour l'époque médiévale, en astrologie. Il passait alors pour un "philosophe", Maître des sept arts libéraux et capable de prédire l'avenir. On lui prête aussi des connaissance en magie, pouvoirs occultes ou surnaturels et en nécromancie.

Mais surtout, Virgile est celui dont les œuvres sont commentées et étudiées par les élèves et étudiants. Selon André Vernet (1982) "Aucun écrivain n'a été autant mentionné et de façon aussi constante dans les catalogues des bibliothèques médiévales", et les exemplaires de ses œuvres se comptent par centaines ou par milliers dans l'Europe médiévale, des éditions ayant été établies à l'usage des écoles carolingiennes. Traduite, annotée, glossée, citée, découpée en florilèges, sa poésie est partout.

Alors que, dans cette société rurale, le sentiment de la nature était très fort, les Bucoliques et les Géorgiques eurent un succès particulier, d'autant plus qu'une interprétation des poèmes les transformaient en argumentation chrétienne. Dans les Bucoliques, ce sont surtout les épisodes d'Aristée et d'Orphée et Eurydice qui intéressèrent les exégètes, puisqu'ils abordaient le thème de la mort et de la renaissance.

Paul Legendre, en 1906, a étudié un manuscrit de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Père près de Chartres, le Ms 13, datant du IXe siècle, contenant 8 feuillets consacrés à des commentaires des Églogues V à VII de Virgile : ces commentaires dépassent en amplitude ceux —de référence— de Servius, avec des réflexions philosophiques, littéraires, grammaticales et des références mythologiques. La profusion de ces commentaires, qui semble destiner à une classe, témoigne de l'importance de cette auteur, notamment à Chartres.

Les évêques de Chartres pendant la construction et reconstruction de la cathédrale (les commanditaires en puissance) ont été de 1176 à 1180, Jean de Salisbury ; de 1181 à 1183, Pierre de Celle et de 1182 à 1217, Renaud de Bar (ou de Mousson). On sait que Jean de Salisbury, membre de l'école de Chartres, est l'élève d'Abelard ; dans le prologue du Livre V de son Polycraticus, il présente Virgile comme la figure emblématique du poète païen "qui a recherché l'or de la sagesse dans la fange". Cet auteur est célèbre pour avoir donné corps à la légende d'un Virgile magicien, fabriquant une mouche de bronze pour chasser toutes les mouches opportunes. Abelard était convaincu que la lecture des Géorgiques pouvait se faire dans un sens chrétien, notamment en s'appuyant sur le commentaire de Macrobes.  Au sein de l'École de la cathédrale de Chartres, Bernard Sylvestre avait composé le "Commentaire sur les six premiers livres de l'Énéide" et voyait dans Énée une figure de l'âme humaine tombée sur terre dans la prison du corps et découvrant son parcours rédempteur. Mais ses gloses reviennent fréquemment sur des points intéressant les sciences de la nature, cosmogonie et météorologie, qui sont au cœur des Géorgiques.

La réception des œuvres de Virgile par l'École de Chartres est un sujet si vaste qu'il ne sera évoqué ici que pour justifier mon hypothèse d'une influence du Livre I des Géorgiques sur la conception du vitrail des travaux des Mois de Chartres. Pour le reste, on se rapportera aux travaux de Peter Dronke, Francine Mora-Lebrun, etc...

Je resterai au seuil de cette idée, qui pourrait me faire reprendre chaque panneau en l'illustrant de citations de Virgile, ou qui pourrait aussi me voir partir à la recherche de cette influence dans les autres baies de Chartres.

Mon seul but serait de laisser la poésie latine imprégner, tel une musique et un encens, les sens du visiteur qui regarde cette verrière

Source :  article de Monsieur Yves Cordier

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